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NICOLAS DAUBANES. HISTOIRE D’UNE REVOLTE A LA BRIQUETERIE DE NAGEN
UNE RESIDENCE D’ARTISTE EN ENTREPRISE

Depuis novembre 2017 et pendant plusieurs mois, l’artiste Nicolas Daubanes (Lauréat du Grand Prix Occitanie d’Art Contemporain 2017), a été invité en résidence à la briqueterie de Nagen (Haute-Garonne) pour explorer la matière céramique au rythme des gestes et des outils de l’équipe.
C’est sous l’impulsion du ministère de la Culture et avec le soutien de la Direction régionale des affaires culturelles Occitanie, que Collective Pulse, agence de facilitation en management d’équipe, et le Pôle européen de la Céramique se sont associés pour mettre en oeuvre ce projet singulier mêlant recherches artistiques et dynamique d’équipe.
Le 14 avril 2018, La Chapelle Saint-Jacques, centre d’art contemporain de Saint Gaudens accueillera la première proposition artistique issue de cette résidence, exposition qui sera suivie d’une série de rendez-vous jusqu’à la fin de l’année 2018.


« Remettre l’ouvrage sur le métier »
S’intégrer à l’équipe de la briqueterie artisanale pendant plusieurs mois, c’est pour Nicolas Daubanes l’opportunité d’explorer sous tous ses états cette matière rouge symbolique de l’Occitanie. Il s’agissait de « remettre l’ouvrage sur le métier » et d’appréhender différemment la révolte dans l’âme, l’argile, la brique, la tuile, mais aussi cette recherche perpétuelle liée à la libération et l’emprisonnement. Un questionnement cher à l’artiste.
C’est également l’occasion pour Chantal Pratmarty et Jacques Blanc, frères et soeurs directeurs de la briqueterie, de proposer à leurs collaborateurs d’adopter une autre manière de travailler : une posture autrement créative.
« Regarder le travail comme le lieu où se déploient régulièrement des processus de création, c’est aller à la rencontre de toutes ces parties volatiles, subtiles et complexes, de tous ces processus de contournement des prescriptions, d’ingéniosités adaptatives, d’élaboration de solutions, qui font qu’on arrive à donner une unité à cet ensemble hétérogène, à produire et à trouver du commun, du sens à ce que l’on fait. » affirme d’ailleurs Emmanuelle Begon, chargée de mission à l’ANACT (Agence nationale pour l’amélioration des conditions de travail) dans « La part de création dans l’activité contemporaine », Séminaire «art et mondes du travail», intervention d’ouverture à la troisième séance, le 18 juin 2015, CESE)

 

Une résidence, tissage de points de vue
L’humain, habituellement au coeur du travail de Nicolas Daubanes est ici une nouvelle fois au centre de sa démarche. Il a beaucoup travaillé en lien avec des détenus ou le personnel des milieux carcéral et hospitalier. De ces immersions sont nées, à titre d’exemple, une série de dessins en limaille de fer, devenues emblématiques de l’oeuvre de l’artiste, ou Cosa mangiare qui traitait des rapports sociologiques qui se tissent autour de l’alimentation en milieu fermé.
C’est aujourd’hui dans un autre univers, celui de l’entreprise, la briqueterie de Nagen, que Nicolas Daubanes vient puiser sa matière. L’artiste, par ailleurs professeur et responsable céramique à l’École Supérieure d’Art des Pyrénées de Tarbes, a intégré ses étudiants à sa démarche dès le démarrage de la résidence, fin novembre, afin de découvrir la briqueterie avec eux. Ensemble, ils ont débuté les rencontres avec l’équipe de la briqueterie (une dizaine de collaborateurs) par le biais d’un repas familial, partie intégrante de la démarche artistique.
Ici, au-delà de l’homme et de son histoire comme source d’inspiration, il va jusqu’à associer les collaborateurs volontaires de la briqueterie dans la construction de ses productions artistiques : « Je veux partir de leurs gestes à eux, affirme l’artiste, de l’empreinte de la main des ouvriers ».

 

La révolte, au cœur du travail de l’artiste et de l’actualité
Les nouvelles pièces de Nicolas Daubanes créées pendant la résidence viennent s’articuler avec celles déjà existantes. Alors que la reproduction en céramique de la clé du quartier des femmes de la prison des Baumettes poussait à braver l’interdit, et la sirène à monter sur le toit, les dessins en poudre de fer aimantés présentés aux Abattoirs (exposition Prix Mezzanine Sud jusqu’au 4 mars 2018) reflètent l’histoire d’une révolte : celle de la prison de Nancy de 1972. Ces ultimes dessins en poudre de fer aimantée sont complémentaires des recherches menées dans le cadre de la résidence à la briqueterie.
Cette question des révoltes en prison s’avère, presque 50 ans plus tard, encore d’actualité. En 1972, les prisonniers qui faisaient valoir leurs droits à vivre dans des conditions décentes font encore échos aux revendications cette fois-ci du personnel quant aux conditions de travail et de vie en prison (le 15 janvier 2018, 139 prisons sur 188 étaient présentes dans les rues pour manifester.)


Exposition « Aucun bâtiment n’est innocent » Chapelle Saint-Jacques, Saint-Gaudens, 14 avril 2018
Au centre d’art, Nicolas Daubanes s’inspire d’une image d’archive datant de janvier 1972 pour reconstruire le toit de la prison de Nancy, à partir de tuiles produites au cours de sa résidence à la briqueterie : « Ces tuiles seront comme un document de cette révolte ».
Vernissage le 14 avril 2018. Exposition visible du 14.04.2018 au 16.06.2018


Cette exposition sera suivie de plusieurs autres :
Au Château de Jau à Cases de Pène, Pyrénées-Orientales – Vernissage le 29 juin 2018
• À la briqueterie de Nagen, à Saint Marcel Paulel, Haute-Garonne- Vernissage courant septembre 2018
• Au PAC / Château de la Falgalarié à Aussillon, Tarn – Vernissage courant octobre 2018

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